Hubert Selby Jr. – Le Démon

par Dareel
Hulbert Selby Jr. - Le Démon

Jeune cadre new-yorkais à qui tout réussit, Harry White s’adonne au plaisir du rêve américain. En lui pourtant le démon sommeille. Il guette, incontrôlable et dévastateur, prêt à bondir et à déployer sa fièvre sexuelle pour imposer le chaos… Le vertige éblouissant d’un don Juan moderne, aux prises avec ses obsessions sur le seuil de l’enfer.

Ce bouquin fait partie de mes achats sélectionnés sur le thème “livres chocs”, ou livres qui ont à l’époque de leur parution défrayé la chronique. Je pensais que concernant celui-ci, c’était avant tout pour son côté sulfureux et misogyne, mais j’étais alors bien loin du compte.

UN MALAISE GRANDISSANT…

Dans Le Démon, Hubert Selby Jr. nous raconte la vie de Harry White, sorte de tanguy qui vit encore chez ses parents pour ne pas s’encombrer d’une bonne femme, mais ne peut pourtant vivre sans elles et le plaisir sexuel qu’elles lui apportent. Harry est également bel homme, séducteur, sportif, bon amant, cadre émérite apprécié de ses collègues et sa direction et bourreau de travail au sein d’une grande compagnie. Bref, tout pour réussir.

La lecture de ce livre nous prend dans une spirale infernale où un homme, qui se présente comme à priori très sain d’esprit, se perd dans ses besoins sexuels et sa chasse aux femmes, quitte à les maltraiter émotionnellement, à risquer les maladies sexuelles, à se retrouver dans des chambres d’hôtels minables infestées de blattes et aux sols recouverts de vomi, le tout en étant très conscient de son problème, qui commence sérieusement à empiéter sur sa capacité à gérer sa vie professionnelle en parallèle.

UNE ECRITURE QUI SERT L’HISTOIRE

Autant le fond que la forme du roman nous plonge dans un malaise qui va en grandissant, c’est un cercle vicieux dans lequel on ne sort que pour prendre une légère bouffée d’air avant d’y replonger de plus belle. L’écriture sert le roman et devient de plus en plus angoissante et oppressante, on se sent pris dans un étau, la ponctuation manque et rythme les pensées de Harry White de sorte à nous faire clairement comprendre son mal-être.

DU VICE SEXUEL, MAIS PAS QUE…

Si Harry White est défini comme étant les prémices du Don Juan des temps modernes, et bien qu’il finisse par rencontrer Linda, l’épouser, l’aimer et fonder une famille, ce n’est pas que de sexe qu’il est question dans son mal-être. Les tromperies s’enchaînent, les relations sexuelles deviennent de plus en plus débridées et les contextes plus humiliants, mais seulement jusqu’au jour où son travail le recadre sur le droit chemin… Pour lui faire comprendre par la suite que ses vices ne suffisent plus à le combler. S’ensuivront d’autres besoins, de la kleptomanie aux envies plus noires, qui iront jusqu’à ce dénouement tragique mais évident.

Et dans tout ça, on a le portrait de Linda, sa femme, ses souffrances, l’autre face du couple, qui attend, impuissante, terrifiée, que la sanction tombe et que son homme la quitte. Loin d’imaginer qu’il s’agit d’un problème de sentiments, elle est le parfait exemple de la personne qui n’a aucun impact sur le bonheur de l’autre quand le cercle vicieux s’est mis en branle…

Est-ce qu’il s’agit de la fameuse critique de l’American Way Of Life, où l’on se perd dans son travail, ou plus rien n’a de sens si bien qu’on se créé de nouvelles envies et de nouveaux besoins qui vont toujours plus loin ?

Est-ce qu’on est simplement sur un homme torturé qui va jusqu’à s’auto-détruire parce qu’il ne sait pas gérer ses envies et son bonheur ?

Je n’ai pas la réponse, mais je recommande fortement cette lecture.

Un roman fort et sombre dont je me souviendrai longtemps.

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