Anna Starobinets – Je suis la reine

par Dareel
Anna Starobinets - Je suis la reine

Maxime, sept ans, vit avec sa soeur et leur père à Moscou. Bientôt des transformations déconcertantes s’opèrent chez le petit garçon. De quel hôte est-il devenu la proie? Les “histoires inquiétantes” de ce recueil font évoluer des personnages poignants dans une Russie contemporaine sombre et absurde. Ici, un employé de bureau développe des sentiments troubles pour une denrée moisissant au fond d’un réfrigérateur. Là, un dresseur de chiens se réveille dans un train à côté d’une femme qu’il n’a jamais vue mais dit être son épouse, et qu’il devra apprendre à aimer…

De mémoire, il me semble avoir acheté ce livre il y a très longtemps, probablement plusieurs années. J’avais été intriguée par ce synopsis original, ce roman sous forme de nouvelles et ces thèmes abordés assez spéciaux. Et je n’ai pas été déçue !

POESIE ET SOUFFRANCE

“Je suis la reine”, c’est donc un recueil de nouvelles disons… pour le moins troublantes. Surréalistes, parfois grotesques, souvent inquiétantes. L’auteur y aborde à la base des histoires toutes plus variées les unes que les autres : un enfant en surpoids qui ne s’entend plus avec sa mère, un homme seul qui s’accroche à ce qu’il peut pour trouver de l’affection, un enfant qui souffre de tocs qui contrôlent sa vie… Mais toujours dans un contexte surréaliste, limite fantaisiste et souvent très poétique… Mais dans le genre poésie plutôt glauque et sombre.

L’auteur amène en effet une touche d’horreur inquiétante, de psychologie déviante ou de glauque qui fait basculer un récit qui commençait pourtant souvent normalement. Ses personnages sont toujours en souffrance, sans vraiment de possibilité de l’exprimer ou d’être compris par leur entourage, c’est probablement le point commun de ces nouvelles.

DES NOUVELLES DECONCERTANTES

La première nouvelle “Les Règles” m’a pas mal parlée ; je n’ai pas de tocs mais je pense qu’on a tous ce petit côté comptage/manie qui nous a un jour traversé l’esprit, notamment quand on était enfant.

“La famille” m’a relativement perdue, et je pense que c’était le but d’ailleurs. On se sent aussi paumé que le personnage dans cette histoire où son amnésie lui fait oublier sa propre famille et l’endroit où il habite.

“J’attends” est sans doute la nouvelle la plus déconcertante, parce qu’improbable et dégoûtante à la fois, sur un homme qui s’attache à la nourriture gâtée dans son frigo, sa solitude étant poussée à l’extrême.

“Je suis la reine”, nouvelle-titre du roman, est la plus longue, mais probablement celle qui m’a le moins parlé, pour son côté surréaliste-futuriste auquel je n’ai pas accroché.

“L’agent” et “L’éternité selon Yacha” m’ont en revanche beaucoup plu. La première parce qu’elle est troublante de vérité, en abordant le thème des tueurs à gage. Un peu dans le même principe que les agences qui vous créent des alibis pour tromper votre partenaire, ici on peut faire tuer des gens sans scrupule et simplement, juste moyennant argent. La dernière nouvelle quant à elle nous fait découvrir un monde dans lequel notre personnage se rend compte que son cœur a cessé de battre, et il continue donc à “vivre” en étant mort, devenant insignifiant, transparent et futile aux yeux du monde.

VERDICT

Anna Starobinets nous offre ici un panel de nouvelles à la fois psychologiques et troublantes, parfois dégoûtantes, souvent tristes et désespérées. Ce recueil se lit très vite et ses différents univers nous permettent d’enchaîner les personnages et les univers sans jamais avoir le temps de se lasser. C’est percutant, poétique et glauque à souhait.

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